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La déclaration de guerre, en août 1939, bouleversa considérablement, il serait presque superflu de l’affirmer, la vie du club. Déjà depuis plus d’une année, les nuages assombrissaient l’horizon. Plusieurs d’entre nous avaient manifesté leur désapprobation à la nouvelle signature des accords de Munich, en Septembre 1938, et les évènements qui se précipitaient faisaient l’objet de toutes les conversations. Nous savions que le Rotary avait été interdit en Allemagne depuis que le régime hitlérien s’y était installé. Dès que Lille fut occupée par l’armée allemande, nous fûmes informés que toute réunion dans le cadre du Rotary serait considérée comme séditieuse. La Gestapo perquisitionna au Royal Hôtel pour réclamer les archives du Rotary Club. Il leur fut répondu que celles-ci se trouvaient chez l’ancien Président, Marcel SENLIS. Alerté à temps, celui-ci put faire disparaître une grande partie des archives et surtout les listes des Rotariens alors membres du club. C’est hélas à cette occasion que disparurent les carnets hebdomadaires d’Edouard CASTELIN, qui constitueraient aujourd’hui un si merveilleux souvenir.

Deux agents de la Gestapo se présentèrent peu de temps après au cabinet de Marcel SENLIS, qui remplissait alors les fonctions de Trésorier pour confisquer les fonds du club. Pierre CREPELLE était présent à l’entretien. Il leur fut répondu que toutes les disponibilités avaient été versées, quinze jours auparavant, à la Croix-Rouge. Ayant vérifié le transfert, ils n’insistèrent pas. Devant la nécessité, il fut convenu que les réunions officielles cesseraient, mais que des dîners, ayant un caractère d’intimité, se tiendraient dans l’appartement privé d’Albert THESIO, à l’Hôtel Terminus, chacun venant en fonction de ses possibilités. Les réunions, d’où, bien entendu, tout protocole était banni, ne dépassaient guère 10 à 12 membres, les épouses y participaient parfois, chacun y apportait ses tickets d’alimentation ou sa quote-part. Parmi les plus assidus, sauf oubli, Jean CARONI, Roger GHEVART, Marcel DESMET, Pierre PROUVOST, Emile VAN DE PUTTE, Pierre CREPELLE, Raoul FOUCART et Albert THESIO. Les discussions remplaçaient les interventions publiques et allaient bon train. Chacun s’y entretenait de ses espoirs d’assister à la libération du pays.