J’accédai à la Présidence du Club dans des conditions difficiles, juste après les évènements sociaux et politiques de mai-juin 1968 ; la pseudo-révolution manquée laissait des traces. Quel que soit le jugement porté sur elle, malgré ses effets néfastes en de nombreux domaines, on doit constater qu’elle eut au moins le mérite de modifier des mentalités bloquées depuis de longues années. J’avais remarqué depuis mon admission au Club en 1955, un certain conservatisme qui me paraissait difficilement compatible avec l’esprit même du Rotary International. Mon premier objectif fut de faciliter une évolution qui me paraissait nécessaire, sans pour autant renier la tradition. Rapidement, je m’aperçus qu’il était dangereux d’innover, de modifier les habitudes et qu’il fallait faire preuve d’une extrême prudence.
C’était aussi l’époque de création de la Métropole Nord, dont Lille est le centre. Déjà les Rotary Clubs étaient au nombre d’une dizaine. Chacun de ces clubs suivait son chemin sans s’occuper du voisin. Les Présidents eux-mêmes s’ignoraient. Je pris l’initiative de nouer les liens étroits entre les 10 Présidents. Ceux-ci se réunirent très régulièrement une fois par mois chez l’un ou chez l’autre se tenant mutuellement au courant de ce qu’ils faisaient dans leur Club, se faisant part de leur expérience pour le plus grand profit de l’ensemble. Des actions communes plus efficaces furent ainsi menées à bien. Enchantés des résultats obtenus, les divers présidents incitèrent leurs successeurs à poursuivre dans cette voie. Hélas, cette expérience devait demeurer sans lendemain.
C’est au cours de ces réunions inter-clubs qu’un projet déjà ancien, repris par Yoland FRIEVET du Rotary Club de Lille Nord, fut relancé, celui de créer une grande maison des Rotary Clubs de la Métropole. Jamais un tel projet n’avait été mené aussi loin. Il n’y avait plus qu’à le réaliser. Il fallait pour cela obtenir l’assentiment d’une grande majorité des Rotariens de la base. Pour ma part, j’oeuvrais avec chaleur dans mon Club pour qu’il pût aboutir. Je n’y réussis pas. Il en était d’ailleurs de même dans les autres Clubs. Je continue de penser que cet échec est infiniment regrettable et j’estime que ce projet est maintenant définitivement enterré.
Il y aurait donc beaucoup de choses à dire sur cette année de présidence, mais ce sont là les principaux souvenirs qui me reviennent à l’esprit. Ce que j’avais voulu avec passion au cours de ces 12 mois, c’était donner un élan encore plus grand à l’amitié qui doit régner entre tous les membres du Club, ce qui m’a toujours paru primordial. Et je pense y être parvenu en étant véritablement un AMI pour chacun d’entre eux.